Une fois que les objectifs de l’enquête et le plan de tabulation ont été déterminés, l’on peut préparer le questionnaire. Celui-ci joue un rôle capital dans le processus d’enquête étant donné que c’est lui qui facilite le transfert de l’information

de celui qui l’a (les déclarants) à ceux qui en ont besoin (les usagers). C’est l’instrument par l’entremise duquel les informations dont les usagers ont besoin sont exprimées en termes opérationnels et c’est la principale source des informations à entrer dans le système de traitement des données.
La longueur et la présentation du questionnaire sont deux questions qui doivent être étudiées très attentivement. Il est bon de concevoir le questionnaire au moment de la planification de l’en¬quête. Si le questionnaire doit être envoyé par la poste aux déclarants, il doit être attrayant et simple, ce qui pourra accroître le taux de réponse. D’un autre côté, un questionnaire devant être utilisé pour que les enquêteurs puissent y porter les réponses données sur le terrain doit être suffisamment résis¬tant pour survivre à sa manipulation.

 


Idéalement, le questionnaire devrait être conçu de manière à faciliter la collecte de données pertinentes et exactes. Pour améliorer l’exactitude des informations recueillies lors de l’enquête, il faudra s’attacher tout particulièrement à ordonner comme il convient les questions posées et à les rédiger avec soin. Le déclarant doit être motivé. Le questionnaire doit être suffisamment aéré pour que l’enquêteur ou le déclarant puisse lire facilement les questions. L’on ne saurait trop insister sur le fait que tout questionnaire doit être accompagné d’instructions claires.
L’équipe chargée de l’enquête devra veiller par conséquent à définir avec précision les données à rassembler et à bien spécifier comment les données nécessaires et les concepts connexes doivent être reflétés dans les questions qui seront posées. À ce propos, il faut habituellement faire un essai préliminaire pour mettre le questionnaire à l’épreuve, à moins que celui-ci ait été pleinement validé lors d’enquêtes précédentes.

 

En bref, un bon questionnaire doit :
a) Permettre de rassembler les informations exactes répondant au moment opportun aux besoins des usagers potentiels des données;
b) Faciliter le travail de collecte, de traitement et de tabulation des données;
c) Permettre de rassembler les données à peu de frais, c’est-à-dire éviter de collecter des informations non essentielles;
d) Permettre une analyse détaillée et utile et une utilisation productive des informations rassemblées.
32. Cela signifie que les questionnaires doivent être conçus de manière à produire des informations de la plus haute qualité possible, l’accent étant mis en particulier sur leur pertinence, leur exactitude et leur actualité. Pour que le processus puisse être mené à bien efficacement, il faut réduire au mini-mum le coût et la charge de travail que représente la collecte des informations requises.


Construction des questions
33. Les questions généralement posées dans les questionnaires d’enquête sont des questions ouver¬tes ou des questions fermées. Dans le cas d’une réponse ouverte, le déclarant donne sa propre réponse. Dans une enquête sur les attitudes, les déclarants peuvent être invités à définir ce qu’ils entendent par une bonne qualité de vie. Manifestement, les divers déclarants définiront comme ils l’entendent ce qui constitue une bonne qualité de vie. D’un autre côté, une question fermée oblige le déclarant à sélectionner une des réponses figurant sur la liste donnée par l’équipe d’enquêteurs.

Voici quelques exemples de questions fermées :
Souffrez-vous d’une incapacité mentale permanente qui limite vos activités quotidiennes ?
□ Oui □ Non
Comment évaluez-vous votre vision (même avec des lunettes ou des lentilles de contact, si vous en utilisez) ?
1. □ Absence de vision
2. □ Sérieuse difficulté permanente
3. O Quelq ue difficulté permanente
4. □ Pas de difficulté.
Les questions fermées présentent l’avantage qu’elles : a) produisent des réponses plus uniformes; et b) peuvent être traitées facilement. Leur principale limitation est que les réponses possibles doivent être préparées par le concepteur de l’enquête, ce qui signifie que des réponses qui peuvent être im¬portantes risquent de se trouver négligées. Dans la plupart des enquêtes, il est préférable de poser des questions ouvertes au sujet de sujets complexes et à propos des attitudes et des idées.


Libellé des questions
Les questions doivent être claires, précises et dépourvues d’ambiguïté. Il ne faut pas demander au déclarant de deviner ce que l’enquêteur cherche à extraire de lui. Les définitions et les concepts employés peuvent paraître évidents pour les enquêteurs, mais pas pour le déclarant. En conséquence, le déclarant pourra faire appel à son jugement pour répondre aux questions, de sorte que le résultat risque d’être une multitude d’erreurs autres que d’échantillonnage. Prenons un exemple simple. Dans de nombreux pays d’Afrique, surtout en milieu urbain, la question « Où habitez-vous ? » risque de susciter une confusion si le verbe « habiter » n’est pas clairement défini, car de nombreux déclarants interprètent cette question comme se référant au village dont ils sont initialement venus.


Questions « tendancieuses »
Les questions dites tendancieuses conduisent le déclarant à répondre aux questions d’une cer-taine façon. Autrement dit, la question tend à privilégier une certaine réponse. Exemple de question tendancieuse dans le contexte d’une enquête sur la santé: « Combien de fois par semaine buvez-vous plus de deux bouteilles de bière ? » Cette question force le déclarant à admettre qu’il boit de la bière, en fait, pas moins de deux bouteilles par jour. De telles questions tendent à fausser les réponses. Il importe d’éviter de créer des données : l’objectif est simplement de les rassembler.


Pertinence des questions
Un questionnaire doit servir à obtenir des informations qui seront utilisées pour étudier la si-tuation dont il s’agit. Il importe donc au plus haut point que l’organisation chargée de l’enquête pose des questions pertinentes afin de brosser un tableau exact de la situation à l’étude. Les questions figu¬rant dans le questionnaire doivent être pertinentes pour la plupart des déclarants. Par exemple, dans l’environnement rural qui caractérise la plupart des pays d’Afrique à l’heure actuelle, administrer un questionnaire encombré de questions sur les résultats obtenus au niveau de l’enseignement supérieur (universitaire) n’aurait aucun sens. De même, il n’y a pas lieu, dans une enquête sur la fécondité, d’inclure les femmes de moins de 10 ans et de leur poser des questions sur les enfants qu’elles ont eus ou sur le point de savoir si elles sont mariées, divorcées ou veuves, questions qui sont pertinentes pour des femmes ayant atteint un certain âge, mais pas pour des filles qui n’ont pas atteint l’âge de procréer.


Séquence des questions
38 Les thèmes évoqués dans le questionnaire doivent être rangés dans un ordre de nature à ra¬fraîchir la mémoire du déclarant et à faciliter l’obtention d’informations exactes. Le mieux est que les premières questions soient faciles, intéressantes et neutres afin de mettre le déclarant à l’aise et de l’encourager à poursuivre une entrevue, à laquelle, le plus souvent, il participe volontairement. Aujourd’hui, il est assez habituel aussi d’ordonner les questions posées lors d’enquêtes sur les ména-ges de manière à commencer par les questions visant à identifier l’unité d’échantillonnage, comme l’adresse, en posant ensuite les questions tendant à définir les caractéristiques du ménage et les personnes qui le composent, par exemple leurs caractéristiques démographiques. Enfin, l’on pose des questions détaillées qui constituent le but principal de l’enquête . D’une manière générale, les questions délicates doivent être parmi les dernières à être posées. L’important, à ce stade, est que les questions, surtout celles qui appellent des réponses dépendant de la précédente, soient rangées dans un ordre logique.