Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour rassembler des données, dont une observation et une mesure directes, l’envoi d’un questionnaire par le courrier et des entrevues par téléphone et en personne.
Observation et mesure directes : L’observation et la mesure directes constituent la méthode idéale, car celle-ci est habituellement plus objective. Il n’y a pas à se préoccuper de trous de mémoire et d’un risque de subjectivité de la part des déclarants ou des enquêteurs.
L’observation directe a été utilisée par exemple dans des domaines comme les suivants :
a) Certains aspects des enquêtes sur la consommation alimentaire;
b) Des enquêtes sur les prix, les enquêteurs pouvant alors acheter le produit et en enregistrer le prix.
Cette méthode, bien qu’utile, a pour inconvénient d’exiger un investissement considérable de temps et d’argent. Le plus souvent, les enquêteurs ont besoin d’un certain matériel. L’expérience a montré que la méthode de l’observation et de la mesure directes est la plus utile et la plus pratique lorsque les dimensions de l’échantillon ou des populations sont relativement réduites.
Envoi d’un questionnaire par le courrier : L’envoi d’un questionnaire par le courrier est une méthode assez économique et rapide. Au stade de la collecte des données, la principale dépense à prévoir est l’affranchissement. Une fois que le questionnaire a été conçu et imprimé, il est envoyé par la poste aux déclarants (c’est-à-dire aux personnes qui sont censées remplir le questionnaire). L’on tient pour acquis que les déclarants savent lire et écrire, étant censés remplir eux-mêmes le questionnaire. Cependant, tel peut ne pas être le cas, surtout dans les pays en développement, où les taux d’alpha-bétisation demeurent peu élevés. Le principal inconvénient de cette méthode est le taux élevé de non-réponse (c’est-à-dire une proportion élevée de déclarants qui ne remplissent pas le questionnaire et/ou ne répondent qu’à certaines questions), ce qui peut être dû à la complexité du questionnaire utilisé. Cependant, une absence de réponse peut également être due à l’apathie. Dans certains cas, le taux de réponse au questionnaire est élevé, mais beaucoup de questions restent sans réponse.
Pour essayer d’améliorer le taux de réponse, il peut s’avérer nécessaire d’envoyer des rappels, mais il est bon de sélectionner un sous-échantillon de non-déclarants et de les interroger person-nellement. Cela peut être nécessaire lorsque les caractéristiques des unités non déclarantes sont tout à fait différentes de celles des déclarants (voir la question de la stratification et de ses avantages au chapitre 3 et à l’annexe I). En l’occurrence, les unités déclarantes et non déclarantes sont considérées comme deux domaines qui doivent être pondérés différemment lors de la préparation des estima-tions (la pondération est une question examinée plus en détail dans les chapitres suivants, et surtout au chapitre 6). Pour améliorer le taux de réponse, le questionnaire envoyé doit être attrayant, bref et aussi simple que possible. Inclure une enveloppe préaffranchie pour le renvoi du questionnaire peut aussi contribuer à améliorer le taux de réponse.
Pour que cette méthode puisse donner des résultats satisfaisants, il faut également disposer d’un cadre d’échantillonnage qui soit aussi à jour que possible, en particulier pour ce qui est de l’adresse des déclarants. L’organisation chargée de l’enquête doit également avoir l’assurance que les déclarants sont capables de remplir eux-mêmes le questionnaire.
En résumé, certains des avantages et des limitations des enquêtes menées par l’envoi d’un ques¬tionnaire sont les suivants :
Avantages :
a) Elles sont moins chères;
b) L’échantillon peut être très disséminé;
c) Le parti pris de l’enquêteur se trouve éliminé;
c) Elles sont rapides.
Limitations :
a) Le taux de non-réponse est habituellement élevé;
b) Les réponses aux questions doivent être prises pour argent comptant, car il n’est pas possible de demander des éclaircissements;
c) Dans une enquête sur les attitudes, il est difficile de déterminer si le déclarant a ré-pondu aux questions sans l’aide de quelqu’un d’autre;
d) La méthode est utile seulement lorsque les questionnaires sont assez simples et ne se prêtent donc pas à des enquêtes complexes.
Entrevue personnelle : C’est la méthode la plus communément utilisée dans les pays en dévelop-pement pour rassembler des données au moyen d’enquêtes de grande envergure. Outre que le taux de réponse est généralement élevé dans le cas d’entrevues personnelles, cette méthode est appropriée car, dans certains de ces pays, les taux d’analphabétisme sont élevés. Selon cette formule, les en¬quêteurs s’adressent à des déclarants sélectionnés pour rassembler des informations ou pour poser des questions. Le principal avantage de cette méthode est que les enquêteurs peuvent expliquer aux déclarants pourquoi il convient qu’ils répondent aux questions et peuvent expliquer les objectifs de l’enquête. En outre, il est plus facile de rassembler des informations statistiques sur des questions conceptuellement complexes qui pourraient susciter des réponses ambiguës si un questionnaire était envoyé par la poste.
La méthode de l’entrevue personnelle présente néanmoins certaines limitations, par exemple :
a) Des enquêteurs différents peuvent interpréter différemment les questions et introduire ainsi un biais dans les résultats de l’enquête, très rares étant ceux qui se réfèrent toujours au manuel d’instructions;
b) Certains enquêteurs peuvent, lorsqu’ils demandent des éclaircissements, suggérer des réponses aux déclarants;
c) Les caractéristiques personnelles des enquêteurs, par exemple leur âge, leur sexe et parfois même leur race, peuvent influencer les attitudes des déclarants;
d) Il se peut que les enquêteurs lisent mal les questions, devant s’occuper simultanément de poser des questions et d’enregistrer les réponses.
Collectivement, les limitations susmentionnées sont les principales sources de ce que l’on ap-pelle la distorsion liée à l’enquêteur, laquelle, comme l’ont montré les études, peut entraîner de sérieuses erreurs autres que d’échantillonnage dans les enquêtes.
Lorsque l’on interroge les déclarants, il faut tenir compte des points ci-après :
a) L’enquêteur doit bien comprendre l’objet de chaque question, tel qu’il est expliqué dans le manuel. Il importe que les enquêteurs se réfèrent constamment au manuel;
b) L’expérience a montré qu’il est préférable pour l’enquêteur de suivre l’ordre des ques¬tions figurant dans le questionnaire. Le plus souvent, il a été soigneusement réfléchi à l’ordre des questions en ayant à l’esprit la motivation des déclarants, les liens entre les sujets, la nécessité de rafraîchir la mémoire du déclarant et les questions les plus délicates;
c) Les enquêteurs doivent absolument s’abstenir de suggérer des réponses aux décla-rants;
d) Toutes les questions doivent être posées. L’on peut ainsi réduire au minimum le nom¬bre de questions auxquelles il n’est pas répondu. En outre, aucun point du questionnaire ne doit être laissé en blanc à moins qu’il ne s’agisse d’une question à sauter. Si une question est sans objet pour un déclarant déterminé, il conviendra d’en indiquer les raisons. Cette approche permet en effet au responsable de l’enquête d’avoir l’assurance que toutes les questions reflétées dans le questionnaire ont été administrées.