Dans la plupart des pays en développement, le travail sur le terrain est souvent très sérieusement entravé par le manque de ressources. Cependant, s’il faut mener une enquête, le travail sur le terrain doit être organisé et réalisé comme
il convient pour que les ressources limitées qui sont disponibles puissent être utilisées au mieux. Si l’on veut que l’enquête soit couronnée de succès, les concepteurs devront bien comprendre les aspects conceptuels de son objet. En outre, les enquêteurs devront être particulièrement familiarisés avec les procédures qui, dans la pratique, leur permettront de rassembler des données exactes. Ainsi, il est toujours nécessaire de disposer sur le terrain d’une structure bien organisée et efficace.
Équipement et matériel
Dans beaucoup de pays en développement, il faut mobiliser à l’avance du matériel comme véhicules, bateaux, bicyclettes, etc., en état de marche. Il faut également constituer une réserve de pièces de rechange. S’ils disposent de véhicules et de bicyclettes, les chefs d’équipe, superviseurs et enquêteurs pourront se déplacer plus facilement et plus rapidement.
Des fournitures adéquates comme classeurs, crayons, taille-crayons, bloc-notes et carburant (pour les véhicules) devront être disponibles en quantité suffisante pendant l’enquête.
Gestion des opérations d'enquête
Une enquête de grande envergure est habituellement une opération exigeante et complexe. L’on ne saurait donc trop insister sur la nécessité pour toutes les activités d’être gérées judicieusement et de manière efficace et efficiente à tous les niveaux.
Il importe également de définir clairement les structures hiérarchiques entre le responsable de l’enquête et les enquêteurs. Il y a lieu de noter à ce propos que des formulaires de suivi de l’avance-ment de l’enquête se sont avérés utiles.
Publicité
Certaines enquêtes n’ont donné que des résultats limités par suite, entre autres, du taux élevé de non-réponse dû aux refus d’y participer. Les organisateurs doivent par conséquent prévoir certaines campagnes de publicité. L’expérience a montré en effet que la publicité peut beaucoup encourager la coopération des déclarants, même si certaines organisations de financement considèrent les dépenses de publicité comme un gaspillage de ressources.
L’on peut adopter différentes approches de la publicité, selon les circonstances. Dans les régions urbaines de certains pays, les publicités à la radio, à la télévision et dans les journaux peuvent compléter des affiches, tandis qu’il peut être préférable, en milieu rural, d’avoir recours à des messages à la radio ainsi qu’à des affiches.
Il peut être nécessaire aussi d’organiser des réunions avec les personnalités les plus influentes des régions sélectionnées afin de les informer des objectifs de l’enquête. En outre, ces personnalités devraient être invitées à convaincre les habitants de leurs localités de répondre comme il convient aux questions des enquêteurs.
Avant d’entreprendre le travail sur le terrain, il importe de rendre publique en l’expliquant la décision qui se trouve à la base de l’enquête. Cette annonce devra, entre autres informations, indiquer les objectifs et la durée de l’enquête et les questions qui seront abordées.
Sélection des enquêteurs
L’enquêteur se trouve à l’interface avec les déclarants. Comme c’est le représentant de l’organi-sateur de l’enquête qui se trouve constamment en contact avec le déclarant, la façon dont il s’acquitte de son travail influe directement sur le succès de l’enquête. La sélection des enquêteurs doit par consé¬quent beaucoup retenir l’attention et être faite sérieusement. L’enquêteur doit être capable de com¬muniquer efficacement avec le déclarant et posséder toutes les qualités nécessaires pour encourager le déclarant à fournir dans un délai raisonnable des informations exactes sur les points évoqués.
L’enquêteur devra avoir un niveau d’instruction correspondant au type de l’enquête à mener. En outre, il devra pouvoir enregistrer honnêtement les informations reçues, sans les « embellir ». Les enquêteurs sélectionnés devront suivre les instructions qui leur sont données et utiliser les définitions et les concepts reflétés dans le manuel.
Les procédures ci-après pourront aider à sélectionner les enquêteurs appropriés :
a) Les candidats devront remplir une demande indiquant notamment quels sont leur âge, leur situation conjugale, leur adresse, leur niveau d’instruction et leurs antécédents profes-sionnels;
b) Les candidats présélectionnés pourront être appelés à subir un test d’intelligence et un autre test de calcul simple;
c) Comme, indépendamment des tests écrits, il faut habituellement avoir une entrevue avec les candidats, les entrevues devront être menées par un jury qui les note de manière indé-pendante. Certaines des qualifications à prendre en considération à cette fin seront notamment l’entregent, l’intérêt pour le travail, l’ouverture et la perspicacité.
Le travail sur le terrain peut être ardu et le déplacement pourrait être difficile, de sorte que les enquêteurs sélectionnés devront être prêts à travailler dans des conditions souvent rudes.
Formation des enquêteurs
Les enquêteurs sélectionnés devront recevoir une formation approfondie avant d’être affectés sur le terrain, essentiellement pour uniformiser les procédures d’enquête, ce qui est également né-cessaire pour éviter que les enquêteurs n’interprètent différemment les définitions, les concepts et les objectifs de l’enquête et pour minimiser ainsi les distorsions dues aux enquêteurs.
La formation devra être dispensée par des instructeurs qualifiés qui devront manifestement être familiarisés avec les buts et les objectifs de l’enquête. De préférence, ils devront faire partie de l’équipe chargée de mener l’enquête.
Les enquêteurs devront recevoir des instructions très précises concernant les buts de l’enquête et la façon dont les résultats en seront utilisés. Pour être informés comme il convient des objectifs de l’enquête, les enquêteurs devront être suffisamment familiarisés avec les concepts et les définitions utilisés dans le questionnaire.
Dans le cadre du processus de formation, les enquêteurs, en présence de l’instructeur, devront chacun, tour à tour, expliquer à leurs collègues les divers points du questionnaire. Des travaux pra-tiques devront être réalisés aussi bien en classe que sur le terrain. Par exemple, l’on pourra inviter les enquêteurs, tour à tour, à se poser entre eux des questions en classe, et l’on pourra ensuite les emmener sur le terrain, dans un quartier voisin, où les futurs enquêteurs pourront s’entretenir avec quelques ménages. L’instructeur devra toujours être présent pour guider les enquêteurs et les corriger. Après les entrevues sur le terrain, les futurs enquêteurs devront en discuter les résultats sous la direction de l’instructeur. Le programme de formation pourra amener le responsable de l’enquête à décider des enquêteurs qui devront recevoir une formation supplémentaire et de ceux dont les attitudes ne correspondent absolument pas à celles qu’exige l’emploi.
Supervision sur le terrain
Chacun s’accorde généralement à reconnaître qu’une formation est indispensable à un travail efficace et réussi sur le terrain. Cependant, une formation peut, en l’absence de supervision appro-priée, ne pas donner les résultats souhaités. Le travail sur le terrain ne peut aboutir que si des cadres plus expérimentés et mieux qualifiés que les enquêteurs supervisent continuellement et efficacement leur travail. Les superviseurs devront être formés à tous les aspects de l’enquête. L’on ne saurait trop insister sur le fait que le superviseur est un lien important entre l’organisation de collecte de don¬nées et l’enquêteur. Il est censé organiser le travail des enquêteurs en arrêtant les affectations; il doit vérifier le travail accompli et veiller à ce que les enquêteurs se consacrent entièrement à l’enquête. En outre, si possible, il y a lieu de prévoir un ratio relativement élevé entre le personnel d’encadrement et les enquêteurs. Pour la plupart des enquêtes sur les ménages, l’idéal paraît être un superviseur pour quatre ou cinq enquêteurs, mais ce chiffre a simplement valeur d’indication.
Entrevues avec les personnes n'ayant pas répondu
Il y a inévitablement, dans toutes les enquêtes, des cas de non-réponse (voir le chapitre 8 pour les erreurs autres que d’échantillonnage). Il se peut que certains déclarants refusent de coopérer avec les enquêteurs ou que certaines questions ne soient pas posées. Lorsqu’une unité n’ayant pas répondu a été signalée au superviseur, celui-ci doit se mettre en rapport avec elle et essayer, grâce à sa plus grande expérience, d’obtenir les informations demandées. Comme le but de toute enquête est d’obtenir le taux de réponse le plus élevé possible, il est recommandé de rassembler cette information auprès d’un sous-échantillon du groupe initial de non-déclarants. L’effort est ainsi réorienté vers ce sous-échantillon, les questions devant alors, de préférence, être posées par des superviseurs.
Réduction du taux de non-réponse
Il importe, lors de la conception et de l’exécution d’une enquête sur les ménages, d’élaborer des méthodes de nature à maximiser le taux de réponse. Il faut bien comprendre l’importance qu’il y a à élaborer des procédures afin de réduire le nombre de refus, par exemple en offrant de revenir pour mener l’entrevue au moment qui convient le mieux au déclarant. En outre, les objectifs de l’enquête et l’utilisation qui en sera faite devront être soigneusement expliqués aux déclarants pour les encourager à coopérer. Une garantie de confidentialité peut également aider à atténuer la crainte des déclarants que leurs réponses soient utilisées autrement qu’aux fins assignées à l’enquête.
Lorsque personne n’est pas à la maison, il conviendra de répéter les visites à différentes heures de la journée, jusqu’à quatre fois si nécessaire.
Il importe également d’éviter les problèmes qui se posent lorsque les unités d’échantillonnage sélectionnées ne peuvent pas être localisées, ce qui peut être une source importante de non-réponse. Le mieux, en présence de ce problème, est d’utiliser la dernière version disponible du cadre d’échan-tillonnage.